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Les Effets des Pesticides de Synthèse Sur l'Environnement
- L'eau:
Les affluents du Saint-Laurent contiennent de nombreux pesticides, à des doses qui dépassent souvent les normes prescrites pour la qualité de l'eau par Environnement Canada (particulièrement dans les régions agricoles et près des usines de transformation de fruits et légumes). Par exemple, en 1987 dans la rivière Yamaska , la quantité d'Atrazine se situait entre 2,1 et 17,5 µg/l (norme: 2 µg/l ) et 8 échantillons sur 8 étaient au dessus de la norme. Dans la rivière St Regis, on trouvait du Diazinon (un insecticide utilisé sur les pelouses et par les fermiers) à des doses 75 à 300 fois plus élevées que la norme (0,08 µg/l). L'eau potable peut être affectée également. Au Saskatchewan, Environnement Canada a trouvé régulièrement 3 formes différentes de BPC, 7 herbicides et 15 autres pesticides dans des échantillons d'eau de surface. Le Temik, un des insecticides les plus toxiques utilisé dans la culture des pommes de terre, a contaminé à 4000 puits à Long Island et 25% des puits de l'île du Prince Edouard. Une enquête de l'agence de protection de l'environnement des Etats Unis (EPA) démontre que le Dacthal, un herbicide utilisé sur les pelouses et les terrains de golf (très répandu au Québec) est le pesticide le plus commun détecté dans les puits.
- Les poissons:
Le 21 août 1991, le New York Times rapportait une hécatombe massive de poissons (750 000 poissons morts) touchant plus d'une douzaine d'espèces en Louisiane. Des pesticides utilisés sur la canne à sucre ont été incriminés et temporairement bannis. La consommation de poissons contaminés est évidemment risquée pour les humains et les animaux. Le département de la santé de l'état de New York, par exemple, recommande de ne pas consommer plus d'un repas de poisson d'eau douce par semaine, &aghrave; cause de la contamination par l'industrie, le lixiviat des sites d'enfouissement et «l'usage généralisé des pesticides».
- La vie du sol:
Des applications répétées de pesticides débalancent la vie du sol. Les organismes visés deviennent résistants et des doses de plus en plus élevées doivent être utilisées: le «cercle empoisonné» est en marche. Les pesticides tuent également les organismes bénéfiques, incluant des prédateurs naturels de certains parasites. Ils affectent également les organismes décomposeurs (ex: vers de terre, bactéries et moisissures) qui sont essentiels à la construction de l'humus et aux cycles du carbone et de l'azote.
- Résistance et résurgence:
Depuis que l'usage des pesticides s'est répandu dans les années 50, de plus en plus d'insectes sont devenus résistants aux pesticides. En 1984, on comptait plus de 447 espèces d'insectes résistants. Les individus qui survivent après une application de pesticides transmettent leurs gènes aux générations suivantes et on doit alors utiliser des doses de poison de plus en plus fortes: le cercle vicieux est en place. Des infestations secondaires peuvent survenir lorsqu'un parasite a été controllé par un pesticide qui n'affecte pas son compétiteur. Celui-ci prospère et dévaste la récolte. Plus tard, le parasite principal revient en plus grand nombre qu'avant le traitement. Parfois, les pesticides tuent les prédateurs qui exercaient un contrôle naturel des parasites.
- Pelouses:
Les organismes utiles (vers de terre, collemboles, bactéries) sont détruits par les pesticides, entrainant ainsi un débalancement qui peut rendre le sol stérile, causer des infestations secondaires ou la résurgence des parasites. Les pelouses entretenues aux produits chimiques deviennent littéralement dépendantes de ces produits. Il est assez ironique qu'on peut réellement endommager sa pelouse en recherchant une «pelouse parfaite» à tout prix.
- Personnes:
Les humains peuvent être exposés aux pesticides à tous les stades de production, transport, mélange, application ou élimination de ces produits. Nous sommes également exposés constamment aux pesticides par l'air que nous respirons, l'eau que nous buvons et la nourriture que nous mangeons. Un grand nombre d'empoisonnements chroniques ou aigus sont occasionnés de cette façon.
- Animaux domestiques et faune:
Ils peuvent être touchés à cause de la persistance des pesticides dans l'environnement et leur distribution dans l'air, l'eau et à travers la chaîne alimentaire. Dr Ann Huntington, vétérinaire, rapporte que les symptômes d'une exposition aux pesticides peuvent varier de simples réactions allergiques à la mortalité. Elle recommande de garder les animaux à l'écart des zones traitées pendant au moins une semaine.
- Pollinisateurs
Les abeilles (et le miel), les guèpes, les oiseaux, les chauves-souris et les papillons sont perturbées ou tuées par les pesticides.
- Récoltes:
Lorsque les pesticides sont utilisés d'une façon excessive, la récolte peut être réduite ou même détruite. Si plusieurs pesticides sont mélangés, ils peuvent former de nouveaux produits et affecter d'autres cibles ou plantes. Des effets secondaires sont observés également lorsque le vent transporte les pesticides dans un champ voisin. Par exemple, un produit qui n'affecte pas les pommes de terre peut être nuisible au maïs. Quand les insecticides sont devenus populaires au début, les fermiers en utilisaient 50 millions de tonnes par année et perdaient environ 7% de leur récolte. En 1978, ils en utilisaient 600 millions de tonnes et ont perdu 13% de leur récolte.
- Oeufs d'oiseaux:
Les faucons pèlerins sont en voie de disparition depuis que leurs proies sont contaminées aux pesticides: leurs oeufs deviennent extrêmement fragiles et le taux de fécondation est très bas. Des comportements anormaux (comme de manger leurs oeufs) ont été observés également. Le gros problème c'était surtout le DDT, mais des produits plus récents sont en cause également. Des fous de Bassan ont été affectés par le DDT et la Dieldrin. Les solvants à base d'hydrocarbures utilisés avec les pesticides sont extrêmement toxiques pour les oeufs des oiseaux (et la vie aquatique) et plusieurs de ces composés sont persistants dans l'environnement.
- Oiseaux:
Ils sont affectés de plusieurs façons. Ils respirent l'air, boivent l'eau et mangent les insectes, graines et fruits contaminés aux pesticides. Ces poisons se logent dans leurs plumes, leurs becs et leurs pattes. Ils se baignent et nagent dans de l'eau polluée et se roulent dans du sable pollué. Leurs nids sont vaporisés en même temps que les arbres et les résidus sont absorbés par les oeufs ou la couvée elle-même. Ils nourrissent leurs petits avec des insectes et des graines contaminés: le risque est d'autant plus grand que leur poids est faible. Les pesticides perturbent leur tolérance au froid et leur cycle hormonal qui à son tour contrôle leur développement sexuel et leur maturité. Leurs sources de nourriture diminuent ainsi que les plantes où ils s'abritaient. Le Diazinon (largement utilisé au Québec) est en voie de re-évaluation par l'EPA à cause de ses effets dévastateurs sur la faune ailée aquatique et sur d'autres espèces d'oiseaux. On a rapporté des empoisonnements d'oiseaux sur des pelouses résidentielles. Dans une étude américaine de 1991, on mentionne que seulement 12 couples de faucons pèlerins sur 42 ont réussi à procréer.
- Dérive:
Les pesticides se répandent dans l'air et contaminent l'environnement sur de longues distances. Dans plusieurs applications agricoles, plus de 99% des pesticides n'atteignent pas leur cible. Une étude révèle que du 2,4-D a été transporté de 16 à 80 kms plus loin.
- La pluie, la neige et le brouillard:
Des traces de pesticides organochlorés ont été retrouvés dans la neige des Territoires du Nord-Ouest. La neige fraîche des Rocheuses contient des pesticides agricoles. L'alpha-BHC (qui est actuellement banni au Canada, mais qui provient d'ailleurs) se retrouve encore dans les rivières du Québec et est un contaminant très commun des eaux de pluie au Canada.
- Dispersion globale:
Éant donné la dérive (voir #12) et la dispersion par les précipitations (voir #13), la pollution par les pesticides est vraiment un problème global. Pensons aussi à la présence de pesticides dans la chair des animaux de l'Arctique par exemple. Il n'est donc pas rassurant de savoir qu'un pesticide a été banni dans notre pays: nous sommes toujours et encore exposés par la dispersion de ces produits venant des autres pays. Des chercheurs Norvégiens ont trouvé du DDT et ses dérivés dans les oeufs des crocodiles d'une région perdue au Kenya, dans les ours polaires et les phoques de l'Arctique et dans le lait maternel des femmes de Scandinavie autant que celles du Zimbabwe.
- La couche d'ozone:
Le Methyl bromide, un pesticide largement utilisé en fumigation, compte pour 10% dans l'amincissement annuel de la couche d'ozone. Il détruit l'ozone 40 fois plus vite que les trop célèbres CFC.
- La chaïne alimentaire:
Les pesticides s'accumulent dans la chaîne alimentaire, causant des dommages aux oiseaux, aux poissons et autres animaux (voir #2). Comme les humains sont situés tout en haut de la chaîne alimentaire, nous sommes les plus vulnérables. Les jeunes enfants et les femmes enceintes devraient être particulièrement prudents en mangeant moins de proteines animales.
- Accumulation et persistance dans l'environnement:
Comme la plupart des pesticides actuels sont des produits de synthèse qui n'ont pas leur équivalent dans la nature, ils ont tendance à s'accumuler dans l'environnement. Quoique le DDT n'est plus utilisé au Canada depuis plusieurs décennies, il est tellement persistant qu'il cause encore des problèmes aujourd'hui et qu'on le retrouve toujours dans des échantillons d'eau prélevés au Québec. Mais le DDT n'est pas le seul pesticide persistant. En 1990 des échantillons d'eau et de sol, prélevés avant les applications annuelles de pesticides dans une culture de pomme de terre à St-Léonard d'Aston, contenaient l'herbicide Metribuzin (appliqué en 1989).
- Nouveaux poisons:
Plusieurs pesticides se décomposent en d'autres produits encore plus toxiques dans l'environnement. Par exemple, le Parathion (un insecticide organophosphoré) devient plus toxique en présence d'oxygène. Il peut également y avoir des effets «synergiques» lorsque deux ou plusieurs pesticides réagissent ensemble dans l'environnement.
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